Que pouvons-nous apprendre de Friends sur la nature du succès? Je parle ici de Rachel, Monica, Phoebe, Joey, Chandler et Ross, les personnages de la série télévisée Friends. Cette sitcom mettant en vedettes un groupe d’amis dans la vingtaine-trentaine vivant à Manhattan demeure un grand succès plus de vingt-cinq ans après sa diffusion originale et est une des séries les plus populaires sur Netflix. Les acteurs eux-mêmes se sont liés d’amitié, ils ont pris à cœur leur rôle d’amis, se sont fréquentés et ont même négocié leurs contrats et salaires en équipe. En l’espace de dix saisons, leur salaire est passé de 20 000 $ par épisode à 1 million, en plus de partager les profits. Beau travail Friends!
Alors, est-ce que choisir les bons amis peut avoir les mêmes conséquences pour vous? En un mot : oui.
De nombreuses études montrent que les amis influencent plusieurs aspects de notre vie, incluant la santé mentale, émotionnelle et physique, notre carrière et nos décisions financières. Par exemple, une étude de l’université Harvard1 a prédit que les probabilités qu’une personne devienne obèse allaient plus que doubler si un ami proche devenait obèse aussi.
Une étude effectuée sur une période de trente ans à l’université Harvard2 a conclu que jusqu’à 95 % de nos réussites et de nos échecs sont déterminés par les personnes que nous considérons comme notre groupe de référence, c’est-à-dire les gens à qui nous nous identifions le plus. Évidemment, ceux qui performent le mieux s’identifient à d’autres gens qui réussissent particulièrement bien3. Les deux modes d’influence4 sont l’apprentissage social (nous copions ce que font les autres) et l’utilité sociale (nous nous sentons bien lorsque nous nous conformons aux normes du groupe).
Cependant, l’influence des amis fonctionne dans les deux directions. Par exemple, saviez-vous qu’avoir un voisin qui a gagné à la loterie est mauvais pour votre santé financière? Une étude de 20185 menée par les universités de l’Alberta et de Georgetown aux États-Unis, portant sur les gagnants canadiens de loterie, établit un lien entre une personne qui gagne à la loterie et les probabilités qu’un voisin proche déclare faillite. Plus le lot remporté est important, surtout dans un petit quartier, plus le nombre de faillites est élevé dans ce secteur.
Il s’agit d’un exemple typique de « suivre le rythme des Lavigueur ». Avant d’être au bord de la faillite, les voisins avaient tendance à acheter des biens qui montraient leur richesse, notamment une nouvelle voiture, plutôt que des articles moins visibles comme de nouveaux meubles. Ils étaient également plus susceptibles de prendre des risques financiers6 et d’emprunter pour financer leurs achats.
D’autres études confirment que les choix financiers de nos collègues influencent nos propres décisions. Selon une étude américaine7, la décision d’un employé et de leurs partenaires de participer au régime d’achat d’actions d’une entreprise était directement influencée par leurs réseaux sociaux. Les effets étaient plus marqués pour les hommes, les groupes d’employés de rangs similaires et les plus jeunes employés.
Dans une autre expérience8 sur les « comportements grégaires » des investisseurs (suivre le mouvement qui amplifie les hausses et les baisses), les chercheurs ont découvert que les employés de cabinets de courtage étaient plus susceptibles d’acheter des actifs si un collègue l’avait fait.
Bien sûr, les médias sociaux élargissent notre groupe de référence, au point où notre cercle social peut même inclure des vedettes. De plus, bien que les émissions de téléréalité puissent être un petit plaisir coupable, tenter de copier le mode de vie des célébrités pourrait vous conduire à la ruine financière.
Dans un sondage mené auprès de jeunes adultes au Royaume-Uni9, près de la moitié des gens sondés ont admis qu’ils se sentaient obligés de dépenser plus que ce qu’ils pouvaient se permettre en raison de la pression sociale. Ils affirment être plus enclins à accumuler les dettes pour bien paraître plutôt que d’épargner de l’argent. Dans le cadre d’une autre étude10 menée auprès de 1 000 utilisateurs de Facebook américains, ceux qui ont de solides connexions sociales numériques étaient également plus susceptibles d’avoir une cote de crédit plus basse et des dettes de cartes de crédit plus élevées.
Tout comme nous utilisons notre capital financier pour investir dans notre bien-être, investir intelligemment dans notre capital social (notre réseau d’amis) peut nous aider à atteindre nos objectifs. Voici comment vous pouvez y arriver :
- Déterminer vos objectifs. Si vous souhaitez devenir un entrepreneur, entrez en contact avec des gens qui font ce que vous voulez faire. Leur attitude et leurs comportements déteindront sur vous.
- Plutôt que de changer vos amis, adoptez de nouvelles habitudes vous-même.
- Votre groupe de référence peut inclure n’importe qui, incluant des modèles historiques que vous admirez et souhaitez imiter d’une certaine façon.
- Trouvez des mentors. La majorité des gens seront flattés que vous leur demandiez conseil. Vous pourriez aussi être le mentor de quelqu’un, question de donner au suivant.
- Choisissez vos amoureux avec soin. Une étude de l’université de l’Arizona11 montre que pour les jeunes adultes, le comportement financier de leur conjoint a une grande incidence sur leur bien-être.
- Comparez votre comportement financier à celui de votre réel groupe de pairs. Un nouveau site Web appelé Status Money associe les gens à un groupe de pairs approprié selon des facteurs comme l’âge, le revenu et l’emplacement géographique. Ceci vous permet de calibrer vos habitudes financières12 par rapport à celles de votre réel groupe de pairs, ce qui semble faire réduire les dépenses substantiellement.
Rita Silvan, CIM, est auteure et rédactrice en finances personnelles et investissements. Elle est l’ancienne rédactrice en chef du magazine Elle Canada, une journaliste primée et une personnalité de la télé et des médias. Rita est rédactrice en chef de
Golden Girl Finance (en anglais seulement), un magazine en ligne qui porte sur la réussite financière des femmes. Lorsqu’elle ne rédige pas de textes sur les finances, Rita explore les parcs de Toronto avec son caniche royal.