Les universités canadiennes sont responsables de transmettre les plus récentes découvertes en connaissances et en sciences à chaque nouvelle génération d’étudiants, mais elles sont également imprégnées de traditions. Bien que beaucoup de choses ont changé drastiquement au fil des siècles en ce qui concerne l’expérience universitaire, un aspect est demeuré remarquablement constant : les pompes et les cérémonies de la remise des diplômes annuelle.
Les premières universités ont été fondées en Europe lors des XIe et XIIe siècles et leur responsabilité de décerner des diplômes aux finissants proviendrait de la tradition des guildes de métiers de la période médiévale. À cette époque, un étudiant devait atteindre un niveau prescrit de compétence dans son domaine pour se joindre à une guilde et commencer à travailler (ce qui explique l’origine du terme « commencement » en anglais qui est utilisé pour les cérémonies modernes de remise des diplômes). Bien que, contrairement à la panoplie de programmes universitaires offerts aujourd’hui, ces premiers étudiants étaient probablement limités à l’étude de la loi, de la théologie et de la médecine, et leurs cérémonies de remise des diplômes auraient peut-être été remarquablement similaires aux nôtres.
La tradition universitaire qui est sans doute la plus répandue et de plus longue date à travers le monde entier est probablement celle de la tenue cérémonielle des chapeaux et des toges portée par les étudiants diplômés et les professeurs le grand jour chaque printemps. Les toges à capuches étaient communes lors de la période médiévale et souvent l’uniforme officiel des étudiants et professeurs jusqu’au XXe siècle. En fait, un collège historique à Toronto exige encore le port de la tenue cérémonielle lors d’événements spéciaux, comme les débats et les dîners officiels.
Bien que les codes vestimentaires universitaires ont évolué et se sont assouplis avec les années, les toges noires avec les couleurs représentatives de l’université ou de la discipline demeurent la tenue standard pour la cérémonie de remise des diplômes, tout comme l’autre accessoire essentiel du diplômé : le mortier de graduation. L’origine du mortier (aussi appelé un chapeau Oxford) n’est pas tout à fait claire, mais il semble qu’il a évolué d’un chapeau semblable appelé un « biretta », porté par les membres du clergé en Europe. Nommés ainsi pour leur ressemblance à l’outil d’un maçon qui contient du mortier, ces chapeaux sont habituellement ornés de franges qui, comme la toge, peuvent porter la couleur de chaque université ou discipline. À certains endroits, la tradition veut que les franges des diplômés soient portées tout d’abord à droite et ensuite à gauche après la réception du diplôme. Au Canada, certaines universités exigent que les diplômés des programmes de doctorats – et les professeurs – portent des couvre-chefs mous à plusieurs facettes appelés un bonnet Tudor ou un béret « tam ».
Contrairement aux mortiers et aux toges qui sont obligatoires lors de la plupart des cérémonies de remise des diplômes, un autre accessoire cérémonial favori des diplômés est la bague universitaire facultative. L’origine des bagues de finissants proviendrait de l’Académie militaire de West Point au milieu des années 1800 et est maintenant une tradition populaire auprès des finissants du secondaire et de l’université. Bien qu’elle soit plus populaire aux États-Unis, le Canada possède plusieurs traditions notables de bagues de finissants, dont l’anneau de fer remis aux nouveaux ingénieurs lors d’une cérémonie spéciale et la bague ornée d’un X portée par les diplômés d’une université renommée en Nouvelle-Écosse.
Les cérémonies de remise des diplômes comportent toutes des éléments classiques comme des discours, des défilés et de la musique cérémoniale. L’accompagnement musical le plus iconique est certainement La Marche n° 1 en ré majeur d’Edward Elgar (vous la connaissez, c’est certain). Composée en 1901 et nommée selon le discours célèbre d’Othello de Shakespeare, cette pièce de musique cérémoniale n’était pas originalement destinée à l’accompagnement d’une cérémonie de remise de diplômes, mais cela a changé en 1905 lorsque Elgar fut invité à recevoir un doctorat honorifique en musique d’une université américaine prestigieuse. Comme hommage au compositeur anglais, l’école a joué la Marche d’Elgar pendant la cérémonie et la suite fait maintenant partir de l’histoire des remises de diplômes.
Comme les universités canadiennes baignent dans la tradition, plusieurs possèdent leurs propres traditions uniques qui marquent les festivités annuelles de remise des diplômes. Par exemple, dans une université au Québec, les diplômés offrent une prestation animée au doyen de l’université en lui présentant la chanson de l’école. Entre-temps à Toronto, une tradition récente reconnaît l’adversité surmontée par les étudiants de minorités visibles grâce à une célébration de remise des diplômes supplémentaire en leur honneur. Dans plusieurs établissements dans l’ensemble du pays, les étudiants d’origine autochtone ont le choix de délaisser le chapeau et la toge européenne et de monter sur la scène de remise des diplômes en portant leur propre tenue cérémoniale traditionnelle. C’est un symbole poignant de ce que les universités peuvent être à leur meilleur : des institutions qui évoluent avec les meilleures connaissances de l’époque, tout en maintenant des liens essentiels aux traditions du passé.
Jeremy Freed est un auteur et rédacteur en chef indépendant basé à Toronto. Ses articles sur la mode, les voyages, la cuisine et le stylisme ont été publiés dans de nombreuses revues, notamment Sharp, Harry et re:Porter.