Un mythe est que les femmes ne sont pas aussi douées que les hommes en matière d’investissements. Et pourtant, les études démontrent que les femmes surpassent constamment les hommes lorsqu’il s’agit de gérer et d’investir de l’argent — en tant que particuliers ou qu’experts financiers et dans un bon ou mauvais marché.
Dans une étude classique effectuée par la Haas School of Business de l’Université de Californie à Berkeley, les chercheurs ont analysé les comportements en matière de placements boursiers de 35 000 ménages pendant six ans. Les femmes ont surpassé les hommes par 94 points de base (presque 1 %), ce qui ne semble pas énorme, mais qui, au fil du temps, constitue une somme beaucoup plus importante. Les chercheurs ont conclu que le sous-rendement des investisseurs masculins était dû à la fréquence des transactions, 45 % plus fréquentes que celles des femmes. Les hommes célibataires étaient particulièrement plus empressés, avec un excès d’échange de 67 %. Une fréquence d’échange élevée diminue le rendement en raison des commissions, des impôts et des pièges de la synchronisation des marchés (p. ex., acheter à un prix élevé et vendre à un prix moindre).1
Des études récentes ont confirmé cette tendance. Selon une étude effectuée par Fidelity Investments, sur 8 millions de comptes de placements analysés, les femmes économisent 40 % plus que les hommes et leurs placements ont un meilleur rendement annuel. Cependant, dans un sondage effectué en parallèle qui demandait aux participants quel sexe a plus d’aptitudes pour investir de l’argent, seul un faible 9 % ont répondu les « femmes ».2 Les stéréotypes sont persistants.
Parmi les experts financiers dont la tâche est de surpasser le marché à l’aide de stratégies de placement complexes, les femmes gestionnaires de fonds spéculatifs, de sociétés de placement immobilier et d’obligations adossées à des actifs dépassent également leurs homologues masculins.3,4,5,6
Cette surperformance en matière de finances s’applique également aux femmes peu instruites des pays en voie de développement qui sont plus enclines à rembourser leurs prêts de microcrédit et à investir dans la nutrition et l’éducation de leurs enfants pour accroître la richesse de leur famille au fil du temps, en comparaison aux hommes, qui dépensent leur argent sur des collations et des articles de luxe.7 Et, selon des études effectuées par Goldman Sachs, l’Université de Columbia et autres, les entreprises avec de nombreux employés féminins sont plus rentables à tous les niveaux.8
Pourquoi les compétences financières des femmes sont donc si souvent ignorées? Et comment pouvons-nous apprendre à « investir comme une femme » pour accroître notre propre rendement sur l’investissement?
La confiance est une bonne chose; l’excès de confiance, l’est moins
Les femmes ont tendance à être moins sûres d’elles en tant qu’investisseuses. Bien qu’une absence totale de confiance peut être paralysante, l’excès de confiance est également un risque. Les hommes déclarent être plus sûrs de leurs compétences, même lorsque ce sentiment n’est pas justifié.9 L’excès de confiance mène à une prise de risques excessifs et à un échange d’actions plus fréquent, basés sur la croyance qu’il est possible de « synchroniser le marché ». Or, ces deux comportements peuvent avoir une incidence négative sur le rendement.1 Les femmes, elles, ont tendance à adopter une approche plus défensive et à effectuer des recherches avant de conclure une transaction.10
Risquer le tout pour le tout
Contrairement à plusieurs hommes qui veulent devenir riches grâce à leurs investissements, les femmes investissent principalement pour réaliser leurs objectifs de vie et financiers. Ainsi, les femmes diversifient leurs portefeuilles pour atténuer le risque. Elles ont également une vision à long terme. Cette approche permet aux femmes de réagir de façon plus rationnelle lors de corrections des marchés plutôt que de vendre en panique dans un marché baissier. Grâce à la puissance des intérêts composés et de la tendance à la hausse historique des marchés boursiers, la meilleure façon de gagner la course est d’y aller lentement, mais sûrement.10, 11, 3
Le cerveau féminin
Les fonctions cognitives des femmes pourraient-elles contribuer à leur succès en matière d’investissement? Certains scientifiques supposent que l’habileté supérieure des femmes à reconnaître les formes leur donne un avantage pour ce qui est quelquefois appelé « l’intuition féminine ». Tous les investisseurs pourraient tirer profit d’un recul pour voir la situation d’ensemble et noter les tendances.10
Soyons d’accord pour être en désaccord
Les femmes ont tendance à être des investisseuses anticonformistes et sont plus sceptiques des actions populaires et des valeurs sûres que les hommes. Elles sont donc moins susceptibles de subir une perte de capital permanente, une façon chic de dire « perdre leur chemise ».10
Retour vers le futur
Les prouesses en matière de placements des femmes ne sont pas un phénomène récent. Selon les études ethnographiques, historiquement, les femmes ont contribué au bien-être de leur famille, plus que les hommes. Les images des hommes chassant de grandes bêtes pour nourrir la tribu sont poignantes, mais inexactes. Les études démontrent que la chasse quotidienne de petits animaux, comme la volaille et les lézards, ainsi que la cueillette de larves, d’œufs, de miel, de graines, de noix, de fruits et de plantes médicinales, effectuées par les femmes composaient de 60 à 80 % de l’apport calorique de la famille.12,13 De plus, l’examen osseux des femmes préhistoriques démontre qu’il y a plus de 7 000 ans, les femmes s’occupaient de la majorité des tâches agricoles et avaient une force du haut du corps supérieure à celle des femmes athlètes d’aujourd’hui.14
N’est-elle donc pas venue l’heure de rejeter les stéréotypes contraignants sur les aptitudes financières de femmes? Toutes les recherches démontrent que ça n’a aucun sens.
Rita Silvan, CIM™, est auteure et rédactrice en finances personnelles et investissements. Elle est l’ancienne rédactrice en chef du magazine Elle Canada, une journaliste primée et une personnalité de la télé et des médias. Rita est rédactrice en chef de
Golden Girl Finance (en anglais seulement), un magazine en ligne qui porte sur la réussite financière des femmes. Lorsqu’elle ne rédige pas de textes sur les finances, Rita explore les parcs de Toronto avec son caniche royal.